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De plus en plus de Canadiens meurent d’une surdose d’opioïde. Les premiers intervenants des villes et d'autres organismes locaux sont particulièrement touchés cette crise. Ils ont de lourdes et importantes tâches : réanimer des victimes de surdose, distribuer des médicaments prévenant les surdoses et éduquer la population quant aux dangers de la consommation d’opioïdes illicites.

En février 2017, le caucus des maires des grandes villes a lancé un groupe de travail afin de partager les pratiques exemplaires et de sauver plus de vies.  En mai dernier, le groupe de travail sur les enjeux des opioïdes a proposé des recommandations exhaustives pour la mise en œuvre d'interventions coordonnées à l’échelle du pays, et ce, par tous les ordres de gouvernement. Leurs recommandations visent les quatre piliers de la stratégie canadienne sur les drogues : la réduction des méfaits, le traitement, la prévention et l'application de la loi.

Le groupe de travail regroupe les maires de 13 villes, soit Vancouver, Surrey, Edmonton, Calgary, Regina, Saskatoon, Winnipeg, Hamilton, London, Kitchener, Toronto, Ottawa et Montréal.

Pour de plus amples détails :

Une crise de grande ampleur

Les opioïdes sont des médicaments souvent prescrits par les médecins pour soulager la douleur. Ils provoquent une forte dépendance et peuvent être dangereux s’ils sont mal utilisés. Le fentanyl est un opioïde, tout comme l’oxydone et la morphine. Le fentanyl accessible sur ordonnance est jusqu’à 100 fois plus fort que la morphine.

En avril 2016, la Colombie-Britannique a décrété un état d’urgence sanitaire devant le nombre alarmant de mortalités causées par des surdoses de fentanyl. La Colombie-Britannique a déploré 914 décès par surdoses en 2016, et 120 décès par surdoses soupçonnés uniquement durant le mois de mars 2017. Depuis 2015, il est estimé qu’au moins 2 300 personnes sont mortes par suite d'une surdose au Canada.

Comme l’a déclaré la ministre de la Santé fédérale, Jane Philpott, à la conférence internationale en réduction des méfaits en mai 2017, le nombre de décès dépasse celui de toutes les autres épidémies infectieuses qui se sont produites en sol canadien (même au point culminant des décès causés par le sida) depuis la grippe espagnole survenue il y a un siècle.

Sans qu’il soit possible d’accéder à des données normalisées et à jour, on constate néanmoins que le fentanyl est la principale cause de décès par surdose dans le tiers des 13 villes représentées dans le groupe de travail. Et la crise s’aggrave sans cesse dans l'ensemble du pays.

Comment sauver des vies

De nombreuses villes ont déjà mis en œuvre et partagé des stratégies pour prévenir les mortalités par surdose d’opioïde, dont les pratiques prometteuses décrites ci-dessous.

  • Garantir un accès gratuit à la naloxone

La naloxone est un médicament qui peut renverser temporairement les effets des opioïdes, donnant ainsi un temps précieux pour transporter la victime à l'hôpital. Elle agit rapidement, fonctionne pendant environ 45 minutes et provoque peu d’effets secondaires.

Les villes ne ménagent aucun effort pour rendre la naloxone accessible à ceux qui en ont besoin. Les programmes qui assurent une plus vaste distribution et utilisation de la naloxone sont de précieux alliés pour réduire les décès par surdose. Des villes comme Calgary, Saskatoon, Vancouver, Montréal et Surrey offrent un accès gratuit à la naloxone aux personnes qui déclarent utiliser des opioïdes. En Ontario, certaines pharmacies offrent gratuitement des trousses de surdose.

Presque toutes les villes qui ont participé au sondage du groupe de travail ont indiqué que leurs services policiers, d’incendie et ambulanciers sont approvisionnés en naloxone et que leurs membres sont formés pour l’administrer. Certaines villes approvisionnent des professionnels en trousses de naloxone, dont les préposés aux premiers soins des palais de justice (Surrey); le personnel des logements avec services de soutien (Vancouver); et les agents correctionnels (Surrey).

  • Éliminer les raisons pour ne pas appeler le 911

Les responsables des services de santé publique affirment que les témoins d’une surdose doivent composer le 911, même s’ils ont pu administrer de la naloxone, parce que les effets de ce médicament disparaissent après environ 45 minutes. Il arrive que certains n'appellent pas les secours parce qu'ils craignent d'être jugés ou arrêtés, de faire saisir leur drogue ou de perdre la garde de leurs enfants.

Devant ces préoccupations, et parce que les surdoses sont un problème de santé et non pas un acte criminel, un grand nombre de villes canadiennes ne confient plus ces appels à leurs services policiers, mais plutôt à leurs services d'incendie ou ambulanciers.

Au printemps 2017, le Parlement du Canada a adopté le projet de loi « sur les bons samaritains », et cette législation, une fois promulguée, protégera les Canadiens de toute répercussion criminelle lorsqu’ils appelleront le 911 pour signaler une surdose.

  • Mettre en garde les consommateurs de drogue

Certaines villes canadiennes publient des avis d’alerte afin d'informer le personnel des services de réduction des méfaits et les consommateurs de drogue de pointes récentes de surdoses ou de la présence de drogues contrefaites.

La Ville de Montréal a mis en œuvre divers mécanismes efficaces pour veiller à ce que les consommateurs de drogues soient mis au courant des crises en cours. Ces messages sont distribués par les canaux suivants :

  • L’injecteur, un magazine écrit par et pour des consommateurs de drogue;
  • Le personnel et les bénévoles des organismes qui travaillent auprès des consommateurs de drogue;
  • Des avis publics distribués parmi les consommateurs et les cliniciens du réseau – dans les services d’urgence et autres services hospitaliers, les ressources spécialisées en toxicomanie et les centres de santé communautaire;
  • Les réunions régulières du groupe montréalais de vigie des surdoses.

Bien d’autres villes au Canada commencent à renforcer leurs systèmes de collecte de données et leurs outils de communication pour faire face à la crise des opioïdes.

  • Prévention des surdoses pendant les festivals

Dans le cadre des mesures fédérales pour répondre à la crise des opioïdes, le gouvernement du Canada a conçu des cartes portefeuilles à distribuer pendant les festivals et dans les boîtes de nuit. Les cartes font la liste des signes de surdose, qui comprend des lèvres bleues, des étourdissements, de la confusion et une respiration lente ou faible. Elles rappellent aux gens d’appeler le 911 et d’administrer de la naloxone si l’on croit qu’une personne fait une surdose. Les cartes rappellent aussi qu’en vertu de la nouvelle Loi sur les bons samaritains du Canada, les personnes sont protégées sur le plan juridique et elles ne peuvent pas être arrêtées pour possession de drogue si elles appellent les secours pour sauver une victime de surdose.

Quelles doivent être les prochaines mesures?

Il est crucial de mettre sur piedun train de mesures à l’échelle du pays pour endiguer la crise  avant qu’elle ne se transforme en épidémie nationale. Le 25 mai 2017, le groupe de travail sur les enjeux des opioïdes a transmis des recommandations exhaustives au gouvernement fédéral précisément dans ce but.

  • Consultez la version intégrale des recommandations des maires du groupe de travail sur les enjeux des opioïdes

Le groupe de travail réclame un plan d'action pancanadien assorti de calendriers de réalisation et de cibles pour agir sur les quatre fronts de la stratégie nationale sur les drogues :

  • Réduction des méfaits : éliminer les obstacles empêchant certains d’obtenir une aide médicale au moment d’une surdose — et d’accéder à des services de consommation supervisée;
  • Traitement : assurer un meilleur accès aux traitements de substitution aux opioïdes et éliminer tout délai d'accès aux programmes de traitement global;
  • Prévention : lancer de toute urgence des campagnes pour renseigner le grand public sur les risques des opioïdes et lutter contre la stigmatisation qui empêche les personnes de réclamer de l'aide;
  • Application de la loi : interrompre la production et l’importation d’opioïdes non prescrits et de presses à comprimés.

Comme les membres du groupe de travail l’ont révélé en avril 2017, il est très difficile d’élaborer des solutions fondées sur des faits concluants; il y a  d’importantes failles dans la collecte des données. C’est pourquoi ils réclament une norme pancanadienne pour la collecte des données sur les surdoses et les rapports connexes — ainsi qu'un rapport d'étape d'ici septembre.

Tous les ordres de gouvernement doivent travailler ensemble pour s’attaquer aux racines de la toxicomanie en offrant des logements avec services de soutien, en luttant contre l’itinérance et en assurant l’accès aux services sociaux cruciaux.

Consultez la version intégrale des recommandations des maires du groupe de travail sur les enjeux des opioïdes

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